L’Europe pense en anglais: que fait-on ? / Une problématique fondamentale, totalement méconnue du citoyen européen…

Je suis désolée mais la question n’est pas si simple, elle est beaucoup plus complexe, elle relève de l’absence d’une politique linguistique, respectueuse de la nature des institutions européennes et de la démocratie, qui devrait affirmer et mettre en œuvre le plurilinguisme généralisé de l’Europe institutionnelle, des Etats Membres et des citoyens.

L’actuelle politique des institutions européennes est le reflet, la conséquence, d’une infiltration capillaire de leurs propres Services, étrangère aux intérêts de l’Europe, qui s’est produite après la chute du mur de Berlin. C’est aussi la conséquence de la décision de retenir seulement trois langues, dites de procédure, pour la transmission des proposition de la Commission au Conseil de Ministres de l’Union ainsi que du démantèlement des Services de la Commission européenne de la part de Romano Prodi, en tant que Président de la Commission, et de son Vice-président Neil Kinnock, responsable du Personnel et Administration, des Services linguistiques et de l’Informatique, dans l’indifférence des Etats Membres y inclus la France.

Quelle naïveté de penser que, après avoir éliminé toutes les autres langues, au sein de l’Europe, les promoteurs du tout-anglais auraient laissé survivre le français et l’allemand !

A la suite de ces bouleversements la « méthode communautaire » clef de voute du système de fonctionnement des institutions européennes et du respect de la démocratie, est devenue pratiquement impraticable sans que ni la France, ni l’Allemagne, uniquement préoccupées de garder leur langues comme langues de procédure, devenues langues de travail dans la plus totale illégalité et illégitimité, se rendent compte de la catastrophe démocratico-institutionnelle crée par le couple Prodi-Kinnock.

La réalité est que les institutions européennes ne constituent pas une quelconque organisation internationale mais une institution supranationale qui légifère et, de ce fait, ne peuvent pas fonctionner avec l’usage d’une seule langue, ou deux ou trois. Afin d’assurer la participation effective de tous les Etats Membres au processus de formation de la législation, il faut que toutes les langues avec leur culture, leurs valeurs, leur points de repère, participent au processus de rédaction de la réglementation communautaire. Il s’agit d’une problématique fondamentale, totalement méconnue du citoyen européen, qui devrait être abordée et débattue en profondeur.

Anna Maria Campogrande

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